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Le grand malaise des Juifs de France, S.Trigano (JForum.fr)

“Les Juifs de France sont-ils en danger ?” titrait à la une le magazine français "Marianne" dans son édition du 25 octobre 2012.

Dans une entrevue exclusive qu’il a accordée au « Canadian Jewish News », l’un des plus importants intellectuels et penseurs Juifs français, le réputé universitaire et essayiste Shmuel Trigano, nous a livré ses réflexions et analyses sur le regain d’antisémitisme que la France connaît depuis l’effro­yable tuerie perpétrée en mars 2012 par un islamiste radical dans une École israélite de Toulouse.

Auteur de nombreux ouvrages de philosophie politique, d’Histoire et de spiritualité, Professeur à l’Université de Paris X-Nanterre, Directeur de la revue d’Études juives européennes « Pardès » et Directeur de l’Observatoire du Monde juif, Organisme qu’il a fondé en 2001, Shmuel Trigano a analysé exhaustivement le phé­no­mène pernicieux de l’antisémitisme en France dans un essai remarquable, « L’avenir des Juifs de France », publié en 2006 aux Éditions Grasset.

Shmuel Trigano vient de publier deux livres : « La nouvelle idéologie dominante, le post-modernisme » (Éditions Hermann) et « Politique du peuple juif, les Juifs, Israël et le monde » (Editions François Bourin).

Nous publions cette semaine le premier volet de cette entrevue.

Canadian Jewish News : Depuis la tragédie de Toulouse -le cruel assassinat de trois enfants et d’un adulte Juifs à l’entrée de l’École Ozar Hatorah de Toulouse par un islamiste djihadiste maladivement judéophobe, Mo­ham­med Merah- les actes antisémites se sont multipliés en France.

Ce regain d’antisémitisme sur le territoire fran­çais vous surprend-il ?

Shmuel Trigano : Ce n’est que la répétition du même syndrome qui sévit depuis le début des années 2000.

Un phénomène délétère que j’ai analysé dans mes livres « Les frontières d’Auschwitz. »

L« es ravages du devoir de mémoire » ; « La démission de la Ré­publique. Juifs et Musulmans en France » ; « L’ébranlement d’Israël, » et réactualisé de façon permanente à travers mes Blogs et chroniques commentant les événements courants.

En France, le phénomène antisémite n’est pas conjoncturel mais structurel.

Il n’est pas limité à l’immigration musulmane mais il plonge aussi ses racines dans l’évolution de l’Europe et la mutation de l’État et de la société en France.

Le modèle d’identité juive hérité de l’après-Guerre, conjuguant appartenance et citoyenneté, est devenu impossible devant le recul de la cito­yenne­té suite à la montée en puissance du “multiculturalisme” et de la “discrimination positive”.

La notion de “communauté juive” a perdu sa légitimité, son sort a été lié par l’opi­nion pu­blique et les cercles du pou­voir au pro­blème de l’islam en France, dit “communauté de l’immigration”.

L’antisionisme l’a enfermé dans un ghetto symbolique aux murs immatériels mais bien réels.

Les relents du Djihad mondial ont fait le reste.

C.J.N. : Donc, selon vous, c’est un pro­blème qui ne concerne pas seulement les Juifs de France mais toute la société française.

Shmuel Trigano : Non seulement l’antisémitisme est un problème qui concerne la société française dans son ensemble, car il est un indice qui nous renseigne sur la bonne santé de celle-ci et notamment sur l’état de la sécurité intérieure nationale, mais encore il joue comme une caisse de résonance d’un problème plus vaste, d’ordre stratégique.

Ce qui se joue à un niveau supérieur, c’est le destin de l’État nation français dans l’Union europé­enne, la continuité de l’identité nationale affrontée à une immigration massive…

Par ailleurs, le “nouvel antisémitisme”, non pas dans sa source islamique mais gauchiste, s’inscrit dans ce que j’ai appelé dans un récent livre “la nouvelle idéologie dominante”, je veux parler du “post-modernisme”(cf. le livre de Shmuel Trigano La nouvelle idéologie dominante, le post-modernisme, Editions Hermann, 2012).

Cette nouvelle idéologie justifie avec de nouveaux arguments l’hostilité envers Israël et le sionisme, voire même le judaïsme, autant de figures en lesquelles elle voit des obstacles à la fraternité universelle.

C.J.N. : Assiste-t-on aujourd’hui en France à une banalisation de l’antisémitisme ?

Shmuel Trigano : Il ne s’agit pas d’une banalisation mais d’un déni de la réalité.

L’opinion publique française est prête à la compassion quand les Juifs sont des victimes, mais refuse de regarder la réalité politique en face.

Les derniers événements -le démantèlement par la police française de cellules islamistes qui avaient planifié des attentats contre des Institutions et des personnalités Juives- à révélé quelque chose de stupéfiant pour la société française : la menace s’avérait nationale, c’est-à-dire fortement enracinée dans des populations françaises, d’origine immigrée ou pas.

Parmi les terroristes arrêtés, il y avait de nouveaux convertis à l’islam, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas repérables, qui se meuvent comme des poissons dans l’eau et qui peuvent planifier des attentats meurtriers dans une impunité totale.

Ça fait dix ans que la société française aurait dû découvrir ce phénomène, mais elle a préféré fermer les yeux.

Nous sommes un certain nombre à avoir tenté d’expli­quer et d’analyser cette situation inquiétante.

À cet effet, avec quelques intellectuels, j’ai créé en 2001 l’Observatoire du Monde juif (http://obs.monde.juif.free.fr/), puis la revue « Controverses » (http://www.controverses.fr/), nous avons publié aussi de nombreux livres et des travaux collectifs sur cette conjonction problématique pour mettre en garde la société française.

Mais celle-ci n’a pas voulu nous entendre.

Nous avons été exclus du débat public.

Il s’est aussi trouvé des Juifs de circonstance, une figure que nous avons identifiée sous le vocable d’“Alterjuifs” (cf. Controverses n°4, février 2007, http://www.controverses.fr/Sommaires/som maire4.htm), qui ont occupé la scène et tenu le discours que les élites françaises voulaient entendre, ruinant l’impact du discours d’alerte que nous avions lancé.

Ce discours n’a pas été entendu non plus par le leadership juif.

Nos analyses remettaient trop en question la politique de l’autruche pratiquée par les élites politiques françaises. J’écrirais un jour sur ce que j’ai vu depuis douze ans.

C.J.N. : Y a-t-il aujourd’hui un profond malaise dans la Communauté juive de France ?

Shmuel Trigano : Oui. Le malaise est épais.

Il n’y a pas de panique, mais une profonde inquiétude a saisi les Juifs de France, surtout après une série d’événements funestes où des Juifs ont été sauvagement assassinés ou sont devenus la cible potentielle des islamistes : l’Affaire Ilan Halimi, l’Affaire Mohammed Merah, le récent démantèlement de cellules islamistes qui avaient planifié des attaques meurtrières contre la Communauté juive…

La France est un pays où des Juifs peuvent être tués parce qu’ils sont Juifs.

Ce ne sont pas seulement des tags sur les murs.

Mais vous trouverez des milieux juifs pour vous dire qu’il n’y a pas d’antisémitisme en France.

Il n’y a pas là seulement un déni pathologique, très classique dans l’Histoire juive, mais aussi, pour certains, la marque d’un privilège, celui de l’argent, du quartier bourgeois, des écoles privées… autant de protections.

Les quartiers Ouest de Paris, d’un bon standing social, sont devenus à forte densité juive.

Des banlieues se sont vidées de leurs Juifs.

Les Juifs moins aisés et plus religieux sont restés à l’Est de Paris, moins sécurisé pour les signes religieux.

De nombreux enfants Juifs ont pris le chemin des écoles privées. La sensibilité est aussi en jeu.

Si vous ne vous intéressez pas à Israël, ni à l’Histoire juive, si vous vous sentez coupable d’être Juif, si vous êtes un grand “républicain”, il est possible que vous ne vous rendiez compte de rien.

Les gens les plus conscients, cependant, ne voient pas quelle peut être l’issue.

Cela fait douze ans que cela dure et c’est très long.

Une grande partie des Juifs est sur la tangente, conscients de l’impasse mais toujours là, imaginant des stratégies de départ ou d’études ouvrant sur des métiers internationaux, achetant un pied à terre en Israël, etc…

C.J.N. : Cette recrudescence de l’anti­sémitisme encouragera-t-elle un bon nombre de Juifs français à quitter définitivement la France pour établir leurs pénates sous des cieux plus cléments ?

Shmuel Trigano : C’est difficile de répondre à cette question. J’ai eu dernièrement un écho émanant du milieu rabbinique : 2 mariages sur 3 ne voient pas leur avenir en France.

Il est certain que l’évolution démographique française accentuant le facteur arabo-musulman dans la société française fait que si cette situation devait se perpétuer, l’avenir serait profondément obscurci pour les communautés juives.

J’ai publié en 2006 un livre qui étudie à fond la situation et les scénarios possibles, « L’avenir des Juifs de France » (Éditions Grasset).

En tout cas, le modèle communautaire juif que j’ai connu dans les années 60, 70 et au début des années 80 n’existe déjà plus ni à l’interne, ni à l’externe.

Changer de pays ce n’est déjà pas facile, en général, c’est encore plus difficile quand, pour une grande partie du Judaïsme français, on a déjà changé de pays il y a cinquante ans.

Il ne s’agit pas de fuir et de n’agir qu’en réaction.

Le temps est venu de faire le bilan du siècle passé et des erreurs stratégiques commises par le peuple juif du point de vue de sa survie en tant que peuple.

Aujourd’hui, le choix est possible du fait d’une nouvelle donne révolutionnaire : l’existence d’une souveraineté juive dans l’État d’Israël.

Il y a certes tout un secteur de la société israélienne qui en est resté au diasporisme et à la politique de l’atermoiement et de la démission, mais néanmoins un socle existe.

Je tente d’ouvrir le chantier de cette ré­flexion dans un livre que je viens de publier, « Politique du peuple juif, les Juifs, Israël et le monde » (Editions François Bourin).

In an interview, French academic and author Shmuel Trigano, who recently published two new books, talks about antisemitism in France.

Elias Levy/CJNews.com

 

 

Paris change de ton contre le Hezbollah (JForum.fr)

La France va engager des pourparlers avec ses partenaires européens en vue de sanctionner le Hezbollah, mis en cause mardi dans un attentat perpétré en Bulgarie qui avait fait six morts, en juillet dernier.

Traditionnellement prudente face au Hezbollah, la France a décidé de réagir mercredi au lendemain de la déclaration bulgare désignant le mouvement chiite libanais comme responsable d’un attentat anti-israélien perpétré en juillet 2012, ayant coûté la vie à six personnes.

« Nous avons bien pris note des déclarations du ministre de l’Intérieur bulgare et nous en tirerons les conséquences, en coordination avec nos partenaires européens », a déclaré mercredi le porte-parole du Quai d’Orsay.

Outre six tués, dont cinq Israéliens, l’attentat survenu le 18 juillet dernier à l’aéroport de Bourgas, dans l’est de la Bulgarie, avait fait une trentaine de blessés.

Actifs depuis longtemps sur ce dossier, les États-Unis ont immédiatement félicité mardi leur « ami proche et allié de l’Otan pour son enquête minutieuse » et pressé l’Union européenne d’agir contre le Hezbollah en plaçant ce dernier sur la liste des organisations terroristes.

« Nous devons envoyer un message sans équivoque à ce groupe terroriste pour qu’il ne puisse plus commettre d’acte abject dans l’impunité », a déclaré le nouveau patron de la diplomatie américaine, John Kerry, qui s’est entretenu au téléphone avec son homologue européenne, Catherine Ashton.

Caillassé pour avoir condamné les attaques terroristes du Hezbollah

L’inscription du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes nécessiterait l’unanimité des Vingt-Sept. Engagée à plusieurs reprises, la dernière fois en juillet 2012, cette initiative n’a jusqu’à présent pas abouti face à la réticence de certains États membres, dont la France.

Les raisons ne manquent pas : crainte de déstabilisation du Liban, où le Hezbollah joue un rôle politique clé, peur de représailles sur la Finul, au sein de laquelle les militaires français, avec 900 hommes, forment un des premiers contingents.

« L’attentat s’est produit sur le sol européen ; les Bulgares ont été assez courageux.

On ne peut pas rester inerte, il faut que la solidarité européenne s’exerce », indiquait hier une source bien informée.

« Laurent Fabius a pris sa décision et il semble déterminé », ajoute cette source.

En février 2000, le chef du gouvernement Lionel Jospin avait été caillassé par des étudiants palestiniens de l’université de Bir Zeit après avoir condamné les « attaques terroristes du Hezbollah ».

Le premier ministre s’était vu ensuite vigoureusement « recadré » par le président Jacques Chirac.

« La possibilité d’ajouter le Hezbollah à la liste des organisations terroristes va être étudiée par les États membres, mais ce n’est pas la seule option », indique Maja Kocijancic, une des porte-parole des services diplomatiques de l’UE.

La question pourrait être abordée le 18 février lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Actuellement, seuls deux membres de l’Union européenne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, ont mis le Hezbollah sur leur liste nationale des organisations terroristes.

Les autorités néerlandaises ont mis au ban l’ensemble des composantes du mouvement chiite, Londres uniquement sa branche militaire.

Toutefois, « il est bien évident que les sanctions sont d’autant plus efficaces qu’elles sont prises et appliquées à 27 », soulignait mardi le porte-parole du Quai d’Orsay.

Pour Simone Rodan-Benzaquen, la directrice du bureau français de l’American Jewish Commitee, « l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de l’UE permettrait le gel de leurs avoirs, la restriction de collecte de fonds et l’interdiction de voyage de leurs dirigeants ».

Alain Barluet/Le Figaro.fr

 

 

L’Espagne et les Juifs : Retour ou repentance ? (JForum.fr)

Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy rend leurs droits aux descendants des juifs bannis d’Espagne au XVe siècle. Une mesure que les musulmans tiennent pour « discriminatoire » à leur égard.

« Je jure fidélité à la Constitution et au Roi » : moyennant ce serment, un million et demi de « Sépharades », lointains descendants de Juifs ibériques bannis à la fin du Moyen-Age, pourraient acquérir la nationalité espagnole moderne – même s’ils résident à l’étranger. La mesure, esquissée dès le début du XXe siècle, était inscrite dans la loi depuis 1988. Le gouvernement socialiste de Jose Luis Zapatero en avait restreint la portée en 2004 : les impétrants devaient avoir préalablement résidé dans le pays pendant deux ans au moins. Le cabinet conservateur de Mariano Rajoy vient de rétablir le texte originel.

Derrière ces tergiversations, une question : les textes en faveur des Séphrades constituent-ils une « Loi du Retour » ou un acte de « repentance » ?

Selon la première interprétation, qui a longtemps prévalu, l’Espagne rétablirait dans ses droits une population qui n’aurait jamais cessé d’être hispanique. Selon la seconde, à laquelle le gouvernement Zapatero semble s’être rallié, l’Espagne moderne se bornerait à réparer des dols autrefois infligés à une communauté. Ce qui ouvrirait la voie à des mesures analogues envers une autre communauté : les descendants, réels ou supposés, des musulmans ou convertis d’origine musulmane, qui avaient quitté l’Espagne après la Reconquête, ou en avaient été chassés.

Les Juifs ont fait partie du monde ibérique – qualifié en hébreu de « Sepharad », d’après une source biblique - pendant mille cinq cents ans au moins, de l’époque romaine à la fin du Moyen-Age. Et pendant huit cents ans, du VIIIe siècle au XVe – un double Age d’Or, sous domination musulmane puis chrétienne - , ils avaient même constitué l’une des élites du pays, en dépit de diverses restrictions et de persécutions occasionnelles. Les Juifs étaient rabbins, philosophes, poètes, mais aussi traducteurs, médecins, ingénieurs, financiers, et même généraux ou ministres. Mieux : ils avaient été les créateurs d’une littérature de qualité en langue vernaculaire, alors que les autres lettrés s’en tenaient au latin ou à l’arabe.

Mais en 1492, les Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, somment les Juifs de choisir entre la conversion au christianisme et l’exil : c’est le « décret de l’Alhambra ». Hasards mystérieux de l’histoire : la date-limite est fixée au 1er août. Ce qui correspond, cette année-là, au jeûne juif du 9 du mois d’av, anniversaire de la destruction de Jérusalem. Mais aussi au départ de Christophe Colomb et de ses trois caravelles vers « les Indes »…

On compte alors un peu plus de deux cent mille Juifs professant ouvertement leur religion dans les deux royaumes espagnols, sur une population totale de plus de six millions d’âmes. Cinquante ou soixante mille se convertissent. Cent soixante mille quittent le pays. D’abord réfugiés en Italie, en Afrique du Nord et dans l’Empire ottoman, ils s’établissent ensuite aux Pays-Bas, en France, en Angleterre, aux Amériques. Mais ils n’oublient pas pour autant leurs origines, leurs lignages, leurs patronymes (de Mendez à Toledo, de Sévilla à Catalan, en passant par Franco ou Castro), leur culture - et leur langue. Ils restent d’ailleurs souvent en contact avec leurs cousins convertis restés en Espagne, ou installés au Portugal voisin. Notamment pour affaires.

Dès le début du XVIIe siècle, le comte-duc d’Olivares – le Richelieu espagnol – tient compte de cette fidélité et de la survivance d’une « Espagne juive » par delà les frontières : il envisage de rappeler les Sépharades « pour rétablir les finances du Royaume ». Il y renonce devant l’opposition d’une partie de l’Eglise et de la Cour. Mais l’idée continue à cheminer dans de nombreux milieux.

Lors de la rédaction de la première constitution espagnole, en 1811-1813, quelques députés libéraux proposent à l’Assemblée nationale de Cadix de rétablir la liberté de religion et donc de permettre la réinstallation de Juifs dans le pays. Quarante ans plus tard, sous la reine Isabelle II, les Cortès, où les libéraux sont désormais majoritaires, votent une première loi dans ce sens : quelques communautés se constituent immédiatement à Madrid, à Barcelone, et dans d’autres villes. Elles se composent de Sépharades venus d’Europe occidentale. Mais aussi du Maroc du Nord, où l’Espagne établit une éphémère tête de pont dès 1860, puis un protectorat en 1911.

A partir des années 1880, les initiatives en faveur du « Retour des Séfardis » se multiplient. Le comte de Rascon, ambassadeur en Turquie, lance un appel dans ce sens en 1881. Un centre pour l’immigration juive est créé à Madrid en 1886. En 1887, les Cortes garantissent « les droits, les biens et la liberté de conscience » des Juifs revenus dans le pays.

La campagne s’accélère au début du XXe siècle. Sous l’impulsion de la droite conservatrice et nationaliste. L’Espagne vient en effet d’atteindre son nadir géopolitique : vaincue par les Etats-Unis en 1898, elle a perdu ses dernières colonies, Cuba mais aussi les Philippines. Elle cherche à se « réinventer » autour à travers un « Empire spirituel », l’Hispanité, qui réunirait tous les pays et toutes les communautés de culture espagnole. Dans ce nouveau contexte, la fidélité des Sépharades prend valeur de symbole et d’exemple.

Angel Pulido, un sénateur catholique, est le principal propagandiste du « philosephardisme » ainsi entendu. Il a découvert les communautés juives hispaniques au cours d’un voyage dans les Balkans. En 1905, il publie un livre-manifeste, Espanols sin patria y la raza sefardi (« Les Espagnols sans patrie et la race sépharade ») que lisent toutes les milieux cultivés, tant à droite qu’à gauche. En 1910, il fonde l’Alliance hispano-hébraïque, dont le roi Alphonse XIII accepte la présidence d’honneur. Sous son influence, un premier décret, en 1916, autorise les Sépharades étrangers à demander un titre de voyage espagnol. En 1924, le dictateur militaire Miguel Primo de Rivera, publie un second décret, plus large, qui facilite l’obtention de passeports, et donc l’immigration. Parmi les bénéficiaires de ces mesures, un juif turc, Isaac Carasso, qui fonde Danone à Barcelone dès 1919…

Le jeune général Francisco Franco est marqué lui aussi par les campagnes d’opinion d’Angel Pulido. Il sait que son patronyme indique une éventuelle origine juive ; et plus encore celui de sa mère : Bahamonde. Héros de la guerre du Rif – la lutte contre une révolte berbère -, gouverneur de facto du Maroc espagnol en 1925, le jeune général sympathise avec les juifs locaux. Ceux-ci s’en souviennent en 1936, quand il revient au Maroc pour prendre le commandement de la « croisade » nationaliste contre une République passée à l’extrême-gauche. Ils le soutiennent financièrement, mais surtout médiatiquement, en témoignant en sa faveur auprès de la presse anglaise et américaine.

Maître de l’Espagne à partir de 1939, Franco louvoie diplomatiquement entre Hitler et les démocraties tout au long de la Seconde Guerre mondiale. Mais il refuse, même à un moment où le IIIe Reich semble victorieux, de mettre en place une politique antisémite. Il protège « ses » juifs marocains, mais ordonne également à ses diplomates d’appliquer les décrets de 1916 et 1924 dans les pays européens occupés par l’Allemagne : ce qui permet à plusieurs milliers de Sépharades, notamment dans les Balkans, en Hongrie et en France, d’échapper à la déportation. Par ailleurs, aucun fugitif juif arrivé en Espagne, sépharade ou non, n’est refoulé. Un bureau secret de l’organisation juive américaine Joint, chargé de faire parvenir une aide financière aux réseaux qui cachent des enfants juifs en Europe, notamment en France, fonctionne à Barcelone avec l’accord personnel du caudillo.

Après la guerre, Franco est snobé par le premier gouvernement d’Israël, à direction socialiste, qui voit en lui un ancien « allié d’Hitler ». Il en conçoit du dépit, et aligne la politique étrangère espagnole sur le monde arabe. Mais il persiste à se garder de tout antisémitisme. L’historien britannique Stanley Payne, qui lui a consacré une biographie exhaustive, relève qu’il a publié de nombreux éditoriaux dans divers journaux, jusque dans les années 1960 : on n’y relève aucune attaque contre les Juifs, alors que les accusations contre les francs-maçons y sont fréquentes, pour ne pas dire obsessionnelles.

En 1968, Franco tient d’ailleurs à abroger officiellement le décret de l’Alhambra, et donc à rendre de manière irrévocable leur « hispanité » aux Sépharades. Une leçon qu’entendent, après sa mort, ses partisans les plus « durs » : Blas Pinar, le chef du parti néofranquiste Fuerza Nueva, n’a cessé de manifester un vif respect pour le judaïsme hispanique. Certains franquistes extrémistes, soucieux de combiner l’attitude du caudillo avec leurs préjugés, en ont été réduits à échafauder une théorie des « deux judaïsmes » : les Ashkenazes (Juifs centre et est-européens) liés au communisme, les Sépharades conservateurs…

Sous Juan Carlos, monarque constitutionnel, le philoséphardisme varie en fonction des élections. Felipe Gonzalez, socialiste modéré, est à l’origine de la loi de 1988. Il veille aussi à établir des relations diplomatiques avec Israël. A l’occasion du cinquième centenaire de l’expulsion, en 1992, le roi rappelle solennellement que les Sépharades sont à nouveau « chez eux en Espagne ». Jose Maria Aznar, premier ministre conservateur de choc de 1996 à 2004, ne cache pas, jusqu’à ce jour, son engagement pour le peuple juif et Israël : « Israël, c’est l’Occident… Israël, c’est nous ».

Mais Zapatero, issu de la gauche socialiste, est insensible à ces arguments. Il n’ose pas remettre en question les décrets de 1916 et 1924, l’abrogation de 1968, la loi de 1988. Mais il cherche à les « déjudaïser ». La politique du « retour » devrait, selon lui, être étendue aux musulmans chassés par la Reconquista, même s’ils n’ont jamais parlé espagnol, ni cherché à conserver un quelconque héritage espagnol. En revenant au texte de 1988, Rajoy valide à nouveau l’argumentation patriotique, par opposition à une idéologie de repentance.

Cela ne pouvait que susciter des réactions indignées dans le monde musulman. Le journaliste marocain Ahmed Ben-Salh El-Salhi a observé le 3 décembre que cette « décision… est un cas flagrant d’inégalité et de discrimination… une injustice et une immoralité absolues qui devraient être condamnées par la communauté internationale… » Selon la presse arabe, on compterait aujourd’hui 5 millions de descendants musulmans expulsés d’Espagne après la Reconquête. La plupart utiliseraient une « loi du Retour » pour immigrer en Espagne, alors que la plupart des Sépharades, vivant aujourd’hui en Israël ou dans les pays occidentaux, n’iraient pas au-delà d’une « renaturalisation symbolique ». On compte déjà plus d’un million de musulmans en Espagne. Mais moins de cinquante mille Juifs.

L’Espagne n’est pas le seul pays où des « Lois du Retour » sont en vigueur. Israël, ouvert à tous les Juifs du monde, et aux non-Juifs qui auraient pu être persécutés ou inquiétés en raison d’un lien avec le peuple juif, est un cas classique. L’Allemagne aussi, ouverte à tous les germanophones du monde, y compris les juifs est-européens de tradition yiddish. En France, des « Lois du Retour » ont existé autrefois en faveur des Alsaciens-Lorrains (jusqu’en 1918) ou des descendants des Huguenots (jusqu’en 1938). Des législations du même type existent en Pologne, dans les pays baltes, en Russie, en Hongrie, en Turquie.

Détail : si la France promulguait une « Loi du Retour » pour les Juifs expulsés en 1396 par Charles VI, le roi fou, elle gagnerait plus de 13 millions de nouveaux citoyens. Presque tous les juifs ashkénazes sont en effet, d’une façon ou d’une autre, originaires de la France médiévale… En fait foi leur rituel synagogal : le Rituel de Vitry, composé en Champagne au XIe siècle.

© Michel Gurfinkiel, 2013



 

 

L’Espagne et les Juifs : Retour ou repentance ? (JForum.fr)

Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy rend leurs droits aux descendants des juifs bannis d’Espagne au XVe siècle. Une mesure que les musulmans tiennent pour « discriminatoire » à leur égard.

« Je jure fidélité à la Constitution et au Roi » : moyennant ce serment, un million et demi de « Sépharades », lointains descendants de Juifs ibériques bannis à la fin du Moyen-Age, pourraient acquérir la nationalité espagnole moderne – même s’ils résident à l’étranger. La mesure, esquissée dès le début du XXe siècle, était inscrite dans la loi depuis 1988. Le gouvernement socialiste de Jose Luis Zapatero en avait restreint la portée en 2004 : les impétrants devaient avoir préalablement résidé dans le pays pendant deux ans au moins. Le cabinet conservateur de Mariano Rajoy vient de rétablir le texte originel.

Derrière ces tergiversations, une question : les textes en faveur des Séphrades constituent-ils une « Loi du Retour » ou un acte de « repentance » ?

Selon la première interprétation, qui a longtemps prévalu, l’Espagne rétablirait dans ses droits une population qui n’aurait jamais cessé d’être hispanique. Selon la seconde, à laquelle le gouvernement Zapatero semble s’être rallié, l’Espagne moderne se bornerait à réparer des dols autrefois infligés à une communauté. Ce qui ouvrirait la voie à des mesures analogues envers une autre communauté : les descendants, réels ou supposés, des musulmans ou convertis d’origine musulmane, qui avaient quitté l’Espagne après la Reconquête, ou en avaient été chassés.

Les Juifs ont fait partie du monde ibérique – qualifié en hébreu de « Sepharad », d’après une source biblique - pendant mille cinq cents ans au moins, de l’époque romaine à la fin du Moyen-Age. Et pendant huit cents ans, du VIIIe siècle au XVe – un double Age d’Or, sous domination musulmane puis chrétienne - , ils avaient même constitué l’une des élites du pays, en dépit de diverses restrictions et de persécutions occasionnelles. Les Juifs étaient rabbins, philosophes, poètes, mais aussi traducteurs, médecins, ingénieurs, financiers, et même généraux ou ministres. Mieux : ils avaient été les créateurs d’une littérature de qualité en langue vernaculaire, alors que les autres lettrés s’en tenaient au latin ou à l’arabe.

Mais en 1492, les Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, somment les Juifs de choisir entre la conversion au christianisme et l’exil : c’est le « décret de l’Alhambra ». Hasards mystérieux de l’histoire : la date-limite est fixée au 1er août. Ce qui correspond, cette année-là, au jeûne juif du 9 du mois d’av, anniversaire de la destruction de Jérusalem. Mais aussi au départ de Christophe Colomb et de ses trois caravelles vers « les Indes »…

On compte alors un peu plus de deux cent mille Juifs professant ouvertement leur religion dans les deux royaumes espagnols, sur une population totale de plus de six millions d’âmes. Cinquante ou soixante mille se convertissent. Cent soixante mille quittent le pays. D’abord réfugiés en Italie, en Afrique du Nord et dans l’Empire ottoman, ils s’établissent ensuite aux Pays-Bas, en France, en Angleterre, aux Amériques. Mais ils n’oublient pas pour autant leurs origines, leurs lignages, leurs patronymes (de Mendez à Toledo, de Sévilla à Catalan, en passant par Franco ou Castro), leur culture - et leur langue. Ils restent d’ailleurs souvent en contact avec leurs cousins convertis restés en Espagne, ou installés au Portugal voisin. Notamment pour affaires.

Dès le début du XVIIe siècle, le comte-duc d’Olivares – le Richelieu espagnol – tient compte de cette fidélité et de la survivance d’une « Espagne juive » par delà les frontières : il envisage de rappeler les Sépharades « pour rétablir les finances du Royaume ». Il y renonce devant l’opposition d’une partie de l’Eglise et de la Cour. Mais l’idée continue à cheminer dans de nombreux milieux.

Lors de la rédaction de la première constitution espagnole, en 1811-1813, quelques députés libéraux proposent à l’Assemblée nationale de Cadix de rétablir la liberté de religion et donc de permettre la réinstallation de Juifs dans le pays. Quarante ans plus tard, sous la reine Isabelle II, les Cortès, où les libéraux sont désormais majoritaires, votent une première loi dans ce sens : quelques communautés se constituent immédiatement à Madrid, à Barcelone, et dans d’autres villes. Elles se composent de Sépharades venus d’Europe occidentale. Mais aussi du Maroc du Nord, où l’Espagne établit une éphémère tête de pont dès 1860, puis un protectorat en 1911.

A partir des années 1880, les initiatives en faveur du « Retour des Séfardis » se multiplient. Le comte de Rascon, ambassadeur en Turquie, lance un appel dans ce sens en 1881. Un centre pour l’immigration juive est créé à Madrid en 1886. En 1887, les Cortes garantissent « les droits, les biens et la liberté de conscience » des Juifs revenus dans le pays.

La campagne s’accélère au début du XXe siècle. Sous l’impulsion de la droite conservatrice et nationaliste. L’Espagne vient en effet d’atteindre son nadir géopolitique : vaincue par les Etats-Unis en 1898, elle a perdu ses dernières colonies, Cuba mais aussi les Philippines. Elle cherche à se « réinventer » autour à travers un « Empire spirituel », l’Hispanité, qui réunirait tous les pays et toutes les communautés de culture espagnole. Dans ce nouveau contexte, la fidélité des Sépharades prend valeur de symbole et d’exemple.

Angel Pulido, un sénateur catholique, est le principal propagandiste du « philosephardisme » ainsi entendu. Il a découvert les communautés juives hispaniques au cours d’un voyage dans les Balkans. En 1905, il publie un livre-manifeste, Espanols sin patria y la raza sefardi (« Les Espagnols sans patrie et la race sépharade ») que lisent toutes les milieux cultivés, tant à droite qu’à gauche. En 1910, il fonde l’Alliance hispano-hébraïque, dont le roi Alphonse XIII accepte la présidence d’honneur. Sous son influence, un premier décret, en 1916, autorise les Sépharades étrangers à demander un titre de voyage espagnol. En 1924, le dictateur militaire Miguel Primo de Rivera, publie un second décret, plus large, qui facilite l’obtention de passeports, et donc l’immigration. Parmi les bénéficiaires de ces mesures, un juif turc, Isaac Carasso, qui fonde Danone à Barcelone dès 1919…

Le jeune général Francisco Franco est marqué lui aussi par les campagnes d’opinion d’Angel Pulido. Il sait que son patronyme indique une éventuelle origine juive ; et plus encore celui de sa mère : Bahamonde. Héros de la guerre du Rif – la lutte contre une révolte berbère -, gouverneur de facto du Maroc espagnol en 1925, le jeune général sympathise avec les juifs locaux. Ceux-ci s’en souviennent en 1936, quand il revient au Maroc pour prendre le commandement de la « croisade » nationaliste contre une République passée à l’extrême-gauche. Ils le soutiennent financièrement, mais surtout médiatiquement, en témoignant en sa faveur auprès de la presse anglaise et américaine.

Maître de l’Espagne à partir de 1939, Franco louvoie diplomatiquement entre Hitler et les démocraties tout au long de la Seconde Guerre mondiale. Mais il refuse, même à un moment où le IIIe Reich semble victorieux, de mettre en place une politique antisémite. Il protège « ses » juifs marocains, mais ordonne également à ses diplomates d’appliquer les décrets de 1916 et 1924 dans les pays européens occupés par l’Allemagne : ce qui permet à plusieurs milliers de Sépharades, notamment dans les Balkans, en Hongrie et en France, d’échapper à la déportation. Par ailleurs, aucun fugitif juif arrivé en Espagne, sépharade ou non, n’est refoulé. Un bureau secret de l’organisation juive américaine Joint, chargé de faire parvenir une aide financière aux réseaux qui cachent des enfants juifs en Europe, notamment en France, fonctionne à Barcelone avec l’accord personnel du caudillo.

Après la guerre, Franco est snobé par le premier gouvernement d’Israël, à direction socialiste, qui voit en lui un ancien « allié d’Hitler ». Il en conçoit du dépit, et aligne la politique étrangère espagnole sur le monde arabe. Mais il persiste à se garder de tout antisémitisme. L’historien britannique Stanley Payne, qui lui a consacré une biographie exhaustive, relève qu’il a publié de nombreux éditoriaux dans divers journaux, jusque dans les années 1960 : on n’y relève aucune attaque contre les Juifs, alors que les accusations contre les francs-maçons y sont fréquentes, pour ne pas dire obsessionnelles.

En 1968, Franco tient d’ailleurs à abroger officiellement le décret de l’Alhambra, et donc à rendre de manière irrévocable leur « hispanité » aux Sépharades. Une leçon qu’entendent, après sa mort, ses partisans les plus « durs » : Blas Pinar, le chef du parti néofranquiste Fuerza Nueva, n’a cessé de manifester un vif respect pour le judaïsme hispanique. Certains franquistes extrémistes, soucieux de combiner l’attitude du caudillo avec leurs préjugés, en ont été réduits à échafauder une théorie des « deux judaïsmes » : les Ashkenazes (Juifs centre et est-européens) liés au communisme, les Sépharades conservateurs…

Sous Juan Carlos, monarque constitutionnel, le philoséphardisme varie en fonction des élections. Felipe Gonzalez, socialiste modéré, est à l’origine de la loi de 1988. Il veille aussi à établir des relations diplomatiques avec Israël. A l’occasion du cinquième centenaire de l’expulsion, en 1992, le roi rappelle solennellement que les Sépharades sont à nouveau « chez eux en Espagne ». Jose Maria Aznar, premier ministre conservateur de choc de 1996 à 2004, ne cache pas, jusqu’à ce jour, son engagement pour le peuple juif et Israël : « Israël, c’est l’Occident… Israël, c’est nous ».

Mais Zapatero, issu de la gauche socialiste, est insensible à ces arguments. Il n’ose pas remettre en question les décrets de 1916 et 1924, l’abrogation de 1968, la loi de 1988. Mais il cherche à les « déjudaïser ». La politique du « retour » devrait, selon lui, être étendue aux musulmans chassés par la Reconquista, même s’ils n’ont jamais parlé espagnol, ni cherché à conserver un quelconque héritage espagnol. En revenant au texte de 1988, Rajoy valide à nouveau l’argumentation patriotique, par opposition à une idéologie de repentance.

Cela ne pouvait que susciter des réactions indignées dans le monde musulman. Le journaliste marocain Ahmed Ben-Salh El-Salhi a observé le 3 décembre que cette « décision… est un cas flagrant d’inégalité et de discrimination… une injustice et une immoralité absolues qui devraient être condamnées par la communauté internationale… » Selon la presse arabe, on compterait aujourd’hui 5 millions de descendants musulmans expulsés d’Espagne après la Reconquête. La plupart utiliseraient une « loi du Retour » pour immigrer en Espagne, alors que la plupart des Sépharades, vivant aujourd’hui en Israël ou dans les pays occidentaux, n’iraient pas au-delà d’une « renaturalisation symbolique ». On compte déjà plus d’un million de musulmans en Espagne. Mais moins de cinquante mille Juifs.

L’Espagne n’est pas le seul pays où des « Lois du Retour » sont en vigueur. Israël, ouvert à tous les Juifs du monde, et aux non-Juifs qui auraient pu être persécutés ou inquiétés en raison d’un lien avec le peuple juif, est un cas classique. L’Allemagne aussi, ouverte à tous les germanophones du monde, y compris les juifs est-européens de tradition yiddish. En France, des « Lois du Retour » ont existé autrefois en faveur des Alsaciens-Lorrains (jusqu’en 1918) ou des descendants des Huguenots (jusqu’en 1938). Des législations du même type existent en Pologne, dans les pays baltes, en Russie, en Hongrie, en Turquie.

Détail : si la France promulguait une « Loi du Retour » pour les Juifs expulsés en 1396 par Charles VI, le roi fou, elle gagnerait plus de 13 millions de nouveaux citoyens. Presque tous les juifs ashkénazes sont en effet, d’une façon ou d’une autre, originaires de la France médiévale… En fait foi leur rituel synagogal : le Rituel de Vitry, composé en Champagne au XIe siècle.

© Michel Gurfinkiel, 2013



 

 

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L’intervention française au Mali court-circuite le plan de wahabisation qatari

Par Salem Benammar

Même si le Qatar est surpris, la France devait agir d’urgence au Mali, un pays dévasté par les obscurantistes islamistes que Hamad Ben Khalifa finance et soutient depuis trois ans. Surpris, car il ne s’attendait pas à une telle action de la part de son allié en Syrie. Changement stratégique français qui craint désormais pour son influence en Afrique et même dans certaines de ses banlieues (!), ou simple coup de semonce pour que les bédouins du Qatar retrouvent leur poids réel ?

A première vue, tous les observateurs non avisés disent que la France doit accorder son violon et adopter une politique cohérente en matière de lutte contre le terrorisme islamiste.

Soit le combattre là où il se trouve, soit cesser de lui mener un combat sélectif, mu par des considérations géopolitiques et géostratégiques qui ne sont pas dans sont pas dans son intérêt mais dans celui de la première puissance mondiale. Ainsi, aux yeux de tous les détracteurs de l’intervention française au Mali, la France semble atteinte de schizophrénie, en soutenant d’une part la cause des terroristes musulmans en Syrie et les combattant d’autre part  au Sahel au risque de provoquer leur ire et dérouler à leurs pieds le tapis rouge maculé du sang des prochaines victimes des futures actions terroristes sur son propre territoire.

Mali, Syrie: le combat français contre l’islamo-terrorisme ne doit plus être à géométrie variable 

Quoi qu’il en soit, et au-delà de toutes les spéculations qui entourent cette intervention, la France n’a toujours pas compris qu’avec le terrorisme islamiste, qui est un et indivisible, il ne peut y avoir de riposte différenciée ni graduée.  Pour que son intervention ait du sens, elle doit cesser tout soutien aux pseudos rebelles syriens -une mosaïque multinationale de mercenaires et de djihadistes afflués de tous les coins du monde, y compris d’Europe- afin que son engagement au Mali soit entendu et compris comme une réelle volonté de venir en aide aux populations maliennes  en proie à la barbarie musulmane.

(NDLR- La France doit également cesser tout soutien aux terroristes de Ramallah et de Gaza)

Son action ne peut dans ce cas-là qu’être saluée et soutenue inconditionnellement.

En l’état actuel de la crise malienne et les risques certains d’effets de contagion, la France ne doit pas rester inactive et rester impuissante en regardant passer les caravanes terroristes dotées d’armements des plus sophistiqués et voir leurs colonnes renforcées par des nouvelles caravanes venues de partout du monde occidental et musulman, dont la Tunisie qui est devenue une nouvelle terre de djihad par excellence, outre les renforts massifs des anciens combattants rentrés d’Afghanistan et d’Irak, voire de la Syrie, où ils sont entrain de connaître une vraie débâcle.

L’heure n’est plus à la tergiversation et à l’attentisme, elle se doit de répondre avec fermeté et vigueur à la brutalité et la barbarie qui caractérise l’islam djihadiste, semble t-il hérité de la Sirate du prophète (brigandage, pillage, rapts, trafic en tous genres, assassinats, razzia, massacres, violence). Qu’elle vienne en aide au pays du Sahel du fait de ses liens historiques et humains avec eux, il n’y a rien de scandaleux, surtout qu’elle est la cause première des problèmes frontaliers en Afrique subsaharienne, une nouvelle route de la cocaïne et un sanctuaire de terroristes, et qui ne couvrent aucune réalité ethnique et historique, cela va de soi.

Entre le colonialisme wahabite et le colonialisme civilisé, il n’y a pas photo ! 

En effet, en l’absence d’une force africaine crédible ainsi qu’une force onusienne de lutte contre le terrorisme international, il lui incombe malgré d’écraser le terrorisme dans son œuf saharien, tout en aidant à la sécurisation des territoires du Sahel et participer militairement  à la restauration de l’autorité de ses anciens dominions qu’elle avait créés artificiellement. Mais, si elle prend prétexte de cet état de troubles qui menace sérieusement la pérennité humaine des peuples sahariens pour réinstaurer un « nouveau pouvoir colonial » au profit de ses seules multinationales telle Areva selon ses détracteurs, qui lui permettrait de mettre la main sur les gigantesques richesses minières et minérales dont regorge le sous-sol malien et qui est convoitées par le Qatar, cheval de Troie des U.S.A., cela non plus n’est pas un acte hostile à l’égard du Mali et des pays voisins s’il s’inscrivait dans une logique protectrice de la souveraineté économique des peuples sahariens. Entre le colonialisme wahabite américano-qatari et le colonialisme « civilisé » de la France, il n’y a pas  photo, n’en déplaise à Valéry Giscard d’Estaing. Le peuple malien qui a accueilli les troupes françaises en libérateurs a su faire le bon choix, ou plus exactement le choix le moins mauvais.

On ne peut non plus faire un procès d’intention à la France qui agit sous mandat onusien et dont l’influence en Afrique se trouve réduite en peau de chagrin au profit des chinois et des américains ne peut s’offrir le luxe de se voir totalement éjectée de l’Afrique francophone d’autant plus que les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest( C.D.E.A.O.) et à leur tête le Nigéria ainsi que l’Algérie, pour l’ouverture de son espace aérien, sont les premiers à soutenir l’intervention française. Il est fort douteux qu’avec l’appui militaire et politique des pays tels le Nigéria et l’Algérie très pointilleux sur leur indépendance nationale et leur leadership régional, que la France soit animée d’arrière-pensée néocoloniale contrairement aux intentions malveillantes qu’on lui prête. De même qu’il serait farfelu de l’imaginer intervenir en sous-main pour les intérêts des E.U.

Principal soutien au terrorisme islamiste, le Qatar surpris et regrette le bon vieux temps de Sarkozy 

Paradoxalement, l’émirat-bananier du Qatar, s’avère être un farouche adversaire de l’engagement français dont il doute de son « bien-fondé ». A moins qu’il ne soit contrit de voir la France et ses alliés africains dont l’Algérie déjoué son plan machiavélique d’annexion du Sahara, première étape avant la conquête de l’Algérie pour le compte des Etats-Unis.

Plus encore, les propos indigestes du philo-nazis Qaradaoui, nervis du sionisme (NDLR – Salem a du avoir juste un problème de compréhension sur ce coup là, car on connait l’adoration du Hitler musulman Qaradawi pour les Juifs), une sorte de Cardinal de Richelieu de l’Emir du Qatar et son porte-voix à l’adresse des masses endoctrinées arabes, qui  s’est permis de jeter son fiel sur cet engagement qu’il voyait comme une immixtion dans les affaires intérieures des pays africains et attentatoire à leur souveraineté, le qualifiant ouvertement d’intervention «précipitée » de la France au Mali. En la qualifiant de « précipitée », qu’il aurait dû aussi bien l’appeler court-circuitée, cet imam obscurantiste  reconnaît explicitement que la France a pris de court le Qatar, l’acculant à la corde, alors qu’il convoite  secrètement l’Afrique subsaharienne et l’Algérie. Tout ceci en dit long sur les desseins hégémoniques et bellicistes du Qatar qui aurait certainement souhaité transformer cette région du monde en chasse gardée et en zone de non-droit la plongeant dans le chaos, afin qu’il puisse tisser sa toile d’araignée et baliser le terrain à une  probable intervention américaine sur le modèle de l’Afghanistan et de l’Irak ainsi que la Syrie et prendre ainsi l’Algérie en étau.

En tout état de cause, l’intervention française n’est ni précipitée, ni inadéquate, ni empreinte d’arrière-pensée néocoloniale. Elle se justifie amplement et conforme au droit international et absolument en cohérence pour une fois avec l’esprit de la Charte des Nations Unies en termes de maintien de la paix et de sécurité internationale. Laisser cette région du monde entre les mains des milices armées terroristes composées de plusieurs nationalités à la solde du Qatar, c’est non seulement valider l’occupation du Nord du Mali et des pays limitrophes, mais surtout contribuer à la prolifération du terrorisme en créant un nouvel appel d’air comme en Afghanistan, mais autrement plus redoutable, car il est situé aux confins de l’Europe. Avec les révolutions du printemps wahhabite, l’Algérie reste le seul rempart et la dernière zone-tampon entre le terrorisme musulman orchestré par le Qatar et l’Europe méditerranéenne. En faisant sauter la digue algérienne comme le groupe de mercenaires a tenté de le faire avec la prise d’assaut des sites gaziers d’Aïn Amenas et de Tiguentourine, la houle terroriste finira par engloutir tout l’espace méditerranéen au nord comme au sud.

Parce qu’elle n’y est pas géographiquement loin, contrairement aux Etats-Unis, la France se doit de lui mener un combat là où il est localisé. C’est la différence entre la France de Sarkozy et la France de François Hollande, qui n’était pas un habitué des palais des milles et une nuit de cheikh Hamad et cheikha Mozza !

Salem Benammar  



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