Attentats anti israéliens - La filière iranienne
par Gerard Fredj
La police thaïlandaise a confirmé que l'ambassade d'Israël était visée dans les attentats ratés, mardi dernier, dans la capitale Bangkok.

Elle a révélé l'identité de trois hommes impliqués dans les explosions.
Une femme, Leila Rohani, de nationalité iranienne, suspectée d'être également impliquée, est activement recherchée: un mandat d'arrêt international à été transmis à Interpol.

Le police pense qu'elle aurait pu regagner l'Iran. Rohani est suspectée d'avoir loué l'appartement qui a servi de cachette aux trois terroristes, et dans lequel a eu lieu la première explosion, accidentelle semble-t-il.

L'Iran et la Thaïlande n'ont pas signé de traité réciproque d'extradition, ce qui rend l'arrestation de la femme peu probable, sauf si elle voyage hors d'Iran.

Les autorités thaïlandaises estiment cependant disposer d'assez de preuves –notamment des films de caméras de sécurité, les traces relevées sur le lieu de l'explosion – pour l'incriminer et la juger par contumace.

Outre Rohani, le commando était constitué de trois hommes.
Deux d'entre eux ont été arrêtés à Bangkok – dont celui qui a eu une jambe arrachée par l'explosion d'une bombe jetée dans la rue contre un taxi).

Selon les autorités, il s'agit d'un groupe de "professionnels entraînés", tous iraniens.
L'identité des hommes a également été révélée par la police, ainsi que différentes photos et vidéos; il s'agit de Saeid Moradi, 28 ans, Mohummad Hazaei, 42 ans, et Masoud Sedaghat Zadeh, 31 ans.
Les deux premiers ont avoué, lors des premiers interrogatoires, qu'ils visaient des intérêts israéliens dans la capitale thaïlandaise. Le troisième a pris la fuite mais a été arrêté en Malaisie, et le ministre des Affaires étrangères malaisien assurait ce jeudi qu'il serait rapidement extradé vers la Thaïlande.

Par ailleurs, les bombes découvertes dans l'appartement qu'occupaient les terroristes, seraient les mêmes que celles utilisées dans les attentats à New Delhi et Tbilissi.
Les dispositifs de fixations employés pour les bombes seraient aussi identiques.

Vendredi matin, le responsable de la police thaïlandaise, Winai Thongson, annonçait que ses services suspectaient en outre, deux hommes.

Les deux nouveaux suspects auraient été filmés par les caméras de surveillance et l'un d'entre eux aurait entrainé le commando au maniement des explosifs. Le second aurait aidé Rohani dans la location de la cache et l'installation des terroristes.
Un des deux hommes, selon Thongson, serait âgé de 52 ans et "Moyen oriental", sans que sa nationalité ait été révélée.

Attentats - Le message envoyé à Israël
par Gerard Fredj
Pour les experts sécuritaires, les trois attentats qui ont visé Israël cette semaine sont un message clair, les premières représailles, non pas à l'assassinat d'Imad Mugnyieh –responsable du Hezbollah tué à Damas en 2008 dans l'explosion d'une voiture piégée – mais à la chaine de morts violentes et de sabotages qui ont entravé le programme nucléaire iranien.

Au moins quatre scientifiques, impliqués dans la filière nucléaire iranienne ont trouvé une mort violente dans des opérations attribuées au renseignement israélien.

Comme des "accidents" dans des bases militaires ou des installations nucléaires, dont le plus important, en novembre dernier, provoquait la mort d'un général important, Hasan Moghaddem, qui travaillait lui sur la production de missiles balistiques; mais on pense que la base aurait aussi été utilisée pour l'assemblage de têtes nucléaires.

L'Iran a nié toute implication dans les récents attentats; mais l'arrestation de trois ressortissants iraniens à Bangkok –qui ont avoué préparer des attaques contre l'ambassade d'Israël - et la fuite de la dernière comparse du commando vers l'Iran va rendre ces dénégations superflues.

Mais pour la république des mollahs, peu importe : le message devait passer.

Pour Gad Shimron, un ancien officier du Mossad, ce message est simple :"tout ce que vous faites, nous pouvons le faire aussi".
"Il y a de plus en plus de pression de chaque côté", commente Anthony Cordesman, un ex officiel américain des renseignements et de la défense, aujourd'hui directeur du Centre d'études stratégiques internationales; " chacun agit dans une direction qu'il est de plus en plus difficile d'anticiper".

Jeudi, un site internet iranien, Mashreq, affirmait que le satellite Navid récemment lancé par l'Iran, photographiait de manière détaillée le site nucléaire israélien de Dimona, mais également des sites "sensibles", tels que des bases aériennes, ou les principaux des grandes villes, comme ceux de Tel Aviv.
 

Le président américain Barack Obama a présenté lundi à la Maison Blanche le budget militaire pour l’année 2013, qui s’élèvera à 3,8 trillions de dollars. Tout le monde savait que le budget sécuritaire américain serait revu à la baisse en raison de la crise économique qui a frappé les Etats-Unis et le déficit budgétaire gigantesque qui sévit là-bas.
Israël est également touché par cet amaigrissement budgétaire puisque des projets israéliens et israélo-américains cruciaux dans le domaine de la sécurité recevront moins de fonds, notamment dans le domaine de la défense anti-missiles. On parle de 6,3 millions de dollars en moins.
Un journaliste américain a déclaré « que si en façade Barack Obama affirme son soutien à Israël et proclame que jamais la coopération militaire entre les deux pays n’a été aussi forte, dans les faits, il y a une tendance qui se confirme dans le sens d’une baisse de l’aide militaire à Israël dans des domaines sensibles et dans une période très délicate pour l’Etat d’Israël ». Le journaliste montre les chiffres pour étayer son propos : 127,7 millions de dollars d’aide américaine à Israël en 2011 pour le développement de missiles anti-missiles, 106,1 millions de dollars en 2012, et pour 2013, la somme proposée est de 99,9 millions de dollars.
Cette décision prise en année électorale a déjà été critiquée par de nombreux sénateurs – démocrates comme républicains – qui y voient une atteinte portée au principale allié stratégique des Etats-Unis au Proche-Orient, et il est évident que cet argument fera partie intégrante de la campagne électorale des Républicains.
Matt Brooks, directeur-général de la « Republican Jewish Coalition » condamne cette tendance négative : « Pour une administration qui se targue d’être le plus favorable qui puisse être à Israël, des coupes budgétaires dans ces domaines si importants au moment où l’Iran, le Hezbollah et le Hamas menacent de lancer des milliers de missiles sur Israël, sont une décision des plus dangereuses et inquiétantes ».
Des experts en Israël notent « le fossé qui se creuse de plus en plus entre le soutien à Israël au Congrès et l’éloignement progressif de la Maison Blanche ».
Petite consolation, par le passé, les amis d’Israël au Congrès, très nombreux, ont su passer outre les recommandations de la Maison-Blanche et ont trouvé des voies pour augmenter l’aide financière militaire à Israël.