Par CAROLINE B. GLICK
Jerusalem Post 01/06/2012
http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=272243
Adaptation française de Sentinelle 5772 ©

L’administration Obama insiste pour se cramponner au fantasme qu’elle peut convaincre les Iraniens d’abandonner leur programme d’armes nucléaires.
Le ministre de la défense Ehud Barak l’a fait une nouvelle fois. Parlant mercredi à l’Institut de des Etudes de Sécurité Nationale à Tel Aviv, Barak a prévenu que si Israël ne parvient pas bientôt à un accord avec les Palestiniens, il devra envisager de restituer la Judée et la Samarie en échange de rien du tout.
Même les gauchistes irréductibles des media ont eu du mal à avaler sa déclaration. Après tout, Quand Barak était Premier ministre, il supervisait la restitution unilatérale par Israël du Sud Liban en 2000. Barak promit qu’en donnant le Sud Liban au Hezbollah, Israël obligerait l’armée vassale des Iraniens à désarmer et à se conduire comme un Parti politique occidental.
Ouuups.
Puis bien sûr, il y a le précédent de Gaza.
Ignorant la leçon du Liban, le successeur de Barak, Ariel Sharon remit en oeuvre cette politique de cession unilatérale à Gaza en 2005. Comme Barak, Sharon promit que lorsque Gaza aurait été débarrassée de toute présence juive, elle se transformerait par magie en une version moyen-orientale de Singapour.
Ouuups.
Barak et Sharon promirent tous les deux que leur politique de cession unilatérale ferait plus que de simplement transformer le Hezbollah et le Hamas en démocrates libéraux. Ils déclarèrent qu’en se retirant, Israël se gagnerait l’amour de la communauté internationale, et gagner l’amour des émules de Washington et de Bruxelles était l’objet le plus urgent du programme d’action d’Israël.
Apparemment, Barak se rapportait au même impératif quand, mercredi, il déclara qu’Israël doit agir vite parce que : « Nos jours sont comptés. Nous allons dans le mur, et nous en paierons le prix ».
Alors en effet, le Hezbollah s’est emparé non seulement du Liban Sud, mais de tout le Liban. Et en effet, il n’y a pas une seule Autorité Palestinienne aujourd’hui qui a la volonté d’accepter la poursuite d’une coexistence avec Israël quelles que soient les frontières. Mais cela signifie seulement que nous avons davantage besoin de l’amour de l’Occident en mettant en péril notre existence même en donnant le cœur de notre territoire à des gens qui veulent détruire notre pays.
Suivant la haute valeur que Barak et ses camarades mettent dans la recherche de l’amour de l’Occident, il vaut la peine de considérer ce qui motive l’Occident – ou plus exactement les USA, qui mènent le monde occidental.
Hélas, la situation n’est pas jolie. La stratégie politique du président des USA Barack Obama est tout aussi irrationnelle que celle que Ehud Barak presse Israël d’exécuter pour se gagner le soutien d’Obama. Et les motifs d’adoption de ces politiques par Obama sont aussi éloignés de la réalité que le sont celles de Barak.
Le lieu où cette irrationalité est le plus en vue aujourd’hui, c’est la politique d’Obama sur l’Iran. Comme Michael Singh l’a bien noté mercredi dans le ‘New York Daily News’, avec Obama, la politique des USA envers l’Iran se fonde sur l’idée que « à la racine de la crise nucléaire de l’Iran, il y a le conflit USA - Iran, et la cause profonde de ce conflit est la méfiance ».
Cette opinion est un pur fantasme. Aucun dirigeant iranien n’a jamais donné aux USA une raison de croire que c’est le cas. Au contraire, même le dirigeant iranien depuis la Révolution Islamique en 1979 a fait clairement savoir que son régime est dédié à la destruction des USA et d’Israël.
Les Iraniens ne souhaitent pas détruire les USA et Israël parce qu’ils s’en méfient. Les émules de l’Ayatollah Khomeini, de l’Ayatollah Khamenei, du président Ahmadinejad et tous leurs camarades souhaitent détruire Israël et les USA parce qu’ils nous haïssent. Ils nous haïssent parce que, de la façon dont ils nous voient, ces deux nations représentent des forces antithétiques à l’objectif de leur révolution pour la domination du monde islamique.
Plutôt que d’accepter cette vérité fondamentale, mais déplaisante, Obama et ses conseillers fondent leur politique de pourparlers avec l’Iran sur des contes de fées à propos de fatwas inexistantes qui ont « écarté opportunément le développement d’armes nucléaires ». Comme le vice-président Moshe Yaalon la formulé délicatement cette semaine, « les Iraniens se marrent tout le long du chemin vers la bombe ».
Ya’alon a expliqué : « Pendant les pourparlers avec les puissances mondiales, les Iraniens sont parvenus à enrichir 750 kg d’uranium à 3,5 % et 36 kg d’uranium à 20 %. »
Et alors que les Iraniens enrichissaient tout cet uranium, selon une imagerie satellite publiée mercredi par l’Institut pour la Science et les Affaires Internationales, ils détruisaient des immeubles sur le site nucléaire de Parchin.
Ces immeubles étaient suspects d’être utilisés pour conduire des tests d’explosions de haut degré cohérents avec le développement d’armes nucléaires.
Et pourtant, malgré la mauvaise foi évidente de l’Iran, et malgré le fait que les sanctions tant vantées contre l’Iran n’ont rien fait pour ralentir le rythme de sa course nucléaire vers la ligne d’arrivée, l’administration Obama insiste pour se cramponner au fantasme qu’elle peut convaincre les Iraniens qu’Ils peuvent se fier aux USA et donc les convaincre d’abandonner leur programme d’armes nucléaires.
Manquant de moyen substantiel pour défendre cette politique de pensée magique à l’égard de la menace la plus pressante contre la sécurité internationale aujourd’hui, la seule chose que l’administration Obama puisse dire aux dirigeants israéliens de plus en plus perplexes, c’est que nous pouvons leur faire confiance. Ils savent ce qu’ils font.
Permettre à l’Iran d’atteindre le stade nucléaire n’est pas le seul prix qu’Obama a voulu payer pour accomplir son fantasme de résoudre le conflit entre l’Iran et les USA en construisant la confiance. Il veut aussi détruire toute chance pour la Syrie de devenir un acteur responsable sur la scène internationale.
La volonté d’Obama de rester coi pendant 14 mois alors que le président syrien Bashar Assad a assassiné 15.000 de ses compatriotes est liée en partie au désir d’Obama de gagner la confiance des ayatollahs de Téhéran. Depuis qu’Assad est le vassal de l’Iran, tout mouvement des USA pour le renverser affaiblirait l’Iran. Et puisque en ce qui concerne Obama l’Iran n’a rien contre les USA, mais souffre seulement d’une absence chronique de confiance envers Washington, on aurait tort de nuire aux intérêts de Téhéran en renversant le laquais syrien des ayatollahs.
La politique syrienne d’Obama n’est pas seulement le produit de sa politique fantasmatique envers l’Iran. C’est aussi la conséquence de sa politique fantasmatique envers la Turquie. Plutôt que d’intervenir tôt dans le conflit et de soutenir des forces pro-occidentales en Syrie comme alternative à la tyrannie d’Assad, Obama a externalisé l’organisation de l’opposition syrienne au Premier ministre islamiste de Turquie Recip Erdogan.
Dans le monde fantasmatique d’Obama, Erdogan est un grand allié des USA. Le fait qu’Erdogan ait redéfini la Turquie éloignée de l’Occident et tournée vers Téhéran et les ‘Frères Musulmans’, a rendu incohérente la mission stratégique de l’OTAN ; elle a mis fin à l’alliance stratégique de la Turquie avec Israël ; elle a utilisé des armes américaines sophistiquées pour tuer des civils kurdes, et menace d’une guerre en Méditerranée orientale pour les réserves de gaz naturel qui ne lui appartiennent pas. Tout cela est sans importance. Tout ce qui importe est le fantasme qu’Erdogan est l’ami de l’Amérique. Et comme Obama adhère à ce fantasme, il a sous-traité la formation de l’opposition turque à Erdogan.
Voilà : l’opposition que Erdogan a établie était dominée par les ‘Frères Musulmans’. Et maintenant, selon un rapport de Jacques Neriah du ‘JCPA’ (Jerusalem Center for Public Affairs), l’opposition syrienne est dominée par non seulement pas les ‘Frères Musulmans’, mais de plus en plus par al Qaïda. Ainsi, alors qu’il y a un an les USA avaient une opportunité pour bâtir et guider vers le pouvoir une opposition syrienne pro-occidentale et multiethnique, au beau milieu de ses fantasmes sur l’Iran et la Turquie, Obama a gâché l’opportunité. Par conséquent, nous sommes confrontés aujourd’hui avec la sinistre réalité d’un monde qui serait plus en sécurité en laissant Assad tranquille plutôt qu’en intervenant pour le renverser.
Cela nous ramène à Obama, et à ‘l’Establishment’ israélien qui ne peut se débarrasser de la notion que nous devrions abandonner la boutique aux Palestiniens pour gagner le soutien de la « communauté internationale », à savoir, pour gagner le soutien d’Obama. Mais envers les Palestiniens aussi bien, Obama a adopté le fantasme plutôt que la réalité.
Cette semaine, le département d’Etat a eu l’équivalent bureaucratique d’une attaque d’apoplexie quand il apprit que le Sénateur américain Mark Kirk avait inséré un amendement à la loi de financement du département d’Etat qui exigera que le département fournisse au congrès deux informations : le nombre de Palestiniens physiquement déplacés de leurs foyers en 1948 dans ce qui est devenu Israël, et le nombre de leurs descendants administrés par l’Agence des Œuvres de Bienfaisance des Nations Unies, « l’UNWRA ».
Les Palestiniens prétendent qu’ils sont quelques cinq millions de réfugiés. Ils exigent qu’Israël leur permette à tous d’immigrer vers leur territoire pour part d’un arrangement de paix avec Israël. L’UNWRA et les Palestiniens prétendent que non seulement les Palestiniens qui ont quitté Israël en 1948 doivent être considérés comme des réfugiés, mais aussi leurs descendants.
Les estimations situent le nombre de Palestiniens vivants aujourd’hui et qui furent physiquement déplacés hors d’Israël en 1948 à 30.000.
Tout ce que Kirk demande, c’est de l’information. Et suite à son effort pour apporter quelques faits dans le discours sur le conflit palestinien avec Israël, le département d’Etat lui est tombé dessus comme un mur de briques. Dans une lettre au Comité des Relations Etrangères du Sénat, le secrétaire d’Etat adjoint Thomas Nides a écrit que « l’amendement proposé par Kirk serait considéré dans le monde entier comme si les Etats-Unis agissaient pour préjuger et déterminer le résultat de cette question sensible ».
En ce qui concerne le département d’Etat, jusqu’à ce que les Palestiniens et Israël parviennent à un accord, les USA doivent maintenir la confiance de la communauté internationale en soutenant un politique concernant les réfugiés palestiniens qui est à la fois absurde sur le plan des faits et profondément hostile à Israël.
Cette politique est en parfaite continuité avec la politique des USA sur Jerusalem. A la fin mars, nous avons appris dans l’objectif de ne pas préjuger du résultat des négociations inexistantes entre Israël et les Palestiniens sur Jerusalem Est, que les USA se refusent à reconnaître la souveraineté israélienne non seulement sur Jerusalem Est, mais sur toutes les parties de Jerusalem. Le fait que Jerusalem soit la capitale d’Israël n’est d’aucun intérêt. Le fait que la loi américaine exige que le gouvernement des USA reconnaisse que Jerusalem est la capitale d’Israël et place l’ambassade américaine à Jerusalem est sans importance. Pour apaiser la communauté internationale, les USA ne reconnaîtront même pas la souveraineté israélienne sur Jerusalem ouest.
Ainsi, selon Ehud Barak et ses associés, pour empêcher l’isolement international d’Israël en s’assurant le soutien des USA, Israël devrait ignorer les leçons du retrait du Liban, le processus de paix bidon avec l’OLP, et le retrait de Gaza et mettre pleine vitesse avant avec une stratégie politique qui rendra impossible la défense du pays.
De même pour les USA, pour gagner le soutien de l’Europe, de l’Iran et de la Turquie, Obama a adopté une stratégie politique qui permet à l’Iran de devenir un puissance nucléaire, fait d’Assad le dirigeant le plus désirable en Syrie, donne le pouvoir aux forces les plus anti-américaines en Turquie et met la pression sur Israël pour renoncer à son droit et à sa capacité de se défendre lui-même.
Rester seul n’a jamais paru aussi bon.
caroline@carolineglick.com