ISLAM - L'imam tunisien Mohammed Hammami, qui officiait à Paris, a été expulsé mercredi du territoire français pour avoir "valorisé le jihad violent, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence" contre les femmes, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Le gouvernement a décidé d'être "intransigeant à l'égard de ceux qui profèrent des discours de haine", a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, en commentant la décision d'expulser l'imam tunisien Mohammed Hammami. "Nous avons décidé d'être intransigeants à l'égard de tous ceux qui profèrent des discours de haine à l'égard de la République et de nos valeurs et de procéder à l'expulsion de responsables, de militants religieux qui prônent un islam radical", a déclaré Manuel Valls à la presse devant le Sénat où il devait être auditionné sur le budget de son ministère.

"En application d'un arrêté du 8 octobre 2012, l'imam Mohamed Hammami, qui était le responsable religieux de la Mosquée Omar, située dans le XIe arrondissement de Paris, a fait l'objet, aujourd'hui 31 octobre, d'une mesure d'expulsion du territoire français. Il a été éloigné vers la Tunisie, pays dont il est ressortissant", indique un communiqué soulignant que "les faits qui lui sont reprochés sont particulièrement graves". "Je crois qu'il a été arrêté par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), dans la rue, aujourd'hui à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) où il habite", avant d'être conduit à l'aéroport, a déclaré à l'AFP le fils du religieux, Hamadi Hammami.

Pour l'Intérieur, les faits reprochés au religieux "sont particulièrement graves". "Lors de ses prêches", souligne le ministère, l'imam "a tenu des propos ouvertement hostiles envers les valeurs de la République. Il a valorisé le jihad violent, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence et aux châtiments corporels contre les femmes". "Ces provocations, délibérées, répétées et inacceptables à la discrimination et à la violence constituaient une menace pour la société française et pour sa sécurité", estime le ministère, en assurant que "la République restera inflexible envers ceux qui tiennent des propos de haine".

Il avait appelé à fouetter "à mort" la femme adultère

En France depuis des décennies, Mohammed Hammami, qui a cinq enfants majeurs et 19 petits-enfants, avait été accusé en janvier par l'ancien ministre de l'Intérier Claude Guéant d'avoir tenu "des propos violemment antisémites" et d'avoir appelé "à fouetter, 'à mort', la femme adultère". Agé de 77 ans et peinant à se mouvoir, Mohammed Hammami avait contesté la totalité des accusations.

Appartenant à l'association Foi et Pratique, qui se réclame de la mouvance rigoriste tabligh, l'imam officiait régulièrement à la mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud, dans le XIe arrondissement de Paris, jusqu'à il y a trois ans. Il avait été hospitalisé début février, à la suite de l'annonce de son expulsion par Claude Guéant, le 23 janvier. Le 5 mai, ses avoirs avaient été gelés par le ministère de l'Economie, ainsi que ceux de son épouse. Et le 15 mai, la commission d'expulsion, dont l'avis n'est que consultatif, avait rendu un avis défavorable à l'expulsion de l'imam, estimant que son "expulsion porterait atteinte à sa vie familiale".

Trois imams expulsés après l'affaire Merah

Fin septembre, Manuel Vallsavait indiqué qu'il "n"hésiterait pas à expulser les "prédicateurs de haine".

Les expulsions d'imams radicaux se sont accélérées après l'affaire Merah. Après la tuerie de Toulouse, le gouvernement de François Fillon avait ordonné l'expulsion de trois imams radicaux et deux militants islamistes étrangers.