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Ignominie européenne (Guy Millière sur Dreuz.info)
L’Europe a été très longtemps bien connue pour son étrange amour des Juifs. J’ai amplement traité des manifestations de cet étrange amour dans mon livre L’état à l’étoile jaune. Il existe une longue suite de textes montrant la façon dont cet amour s’est exprimé : ils passent par des textes tels que Des Juifs et de leurs mensonges de Martin Luther ou La question juive de Karl Marx, La France juive d’Edouard Drumont ou Mein Kampf d’Adolf Hitler. Depuis la shoah, l’Europe a semblé se retenir et placer cet étrange amour en suspens. Mais, comme dit la vieille phrase, chassez le naturel, et il revient au triple galop. Depuis les années soixante du vingtième siècle, l’Europe n’est plus antisémite, on le sait, elle est plutôt « anti-sioniste ».
L’Union Européenne vient de montrer à nouveau qu’elle n’était plus antisémite, non, vraiment pas : elle a choisi le jour où les Juifs du monde entier commémorent dans la tristesse, le recueillement et la méditation, Tisha B’Av, pour prendre la décision la plus anti-israélienne qu’elle ait prise depuis longtemps. Et pourtant, l’Europe a pris beaucoup de décisions anti-israéliennes. Elle a décidé de tracer elle-même les frontières d’Israël, et de dire que ces frontières sont celles qu’Abba Ebban avait appelé les frontières d’Auschwitz : les « frontières de 1967 », qui sont, faut-il le répéter, les lignes de l’armistice de 1949. Le seul Etat d’Israël que l’Union Européenne veut bien reconnaître est celui-là, en attendant sans doute mieux, et en pensant comme Mahmoud Abbas et le Hamas.
Comment a-t-elle tracé ces frontières : en disant que toute présence juive israélienne au delà de ces frontières était illégitime, ce qui signifie qu’elle considère, que la Judée-Samarie, la moitié de Jérusalem, dont la Vieille ville de Jérusalem et le Kotel, le Golan devraient être judenrein, comme disait un homme qui avait tenté d’unifier l’Europe, déjà, dans les années 1930-1940.
Ne pouvant pas imposer ce tracé de frontières par la force, l’Union Européenne se contente, aux fins de signifier ce qu’elle veut signifier, de prendre une décision de boycott global vis-à-vis de toutes les « entités » juives israéliennes opérant hors de ces frontières, ce qui vise les activités de production et de commerce, mais aussi toute autre forme d’activité. Des groupes tels qu’Europalestine et autres mouvements à l’origine des petites Nuits de cristal organisées au travers de l’Europe n’ont plus à se mobiliser : leur cause est désormais la politique officielle de l’Union.
Le ministre du logement d’Israël, Uri Ariel, a déclaré que cette décision est imprégnée du racisme et de la discrimination envers les Juifs qui rappellent les interdictions frappant les Juifs en Europe il y a soixante six ans ». Je lui donne pleinement raison.
J’écrivais hier que les islamistes veulent une paix façon Khaybar au Proche-Orient. Je pense que ceux qui prennent des décisions au nom de l’Union Européenne voudraient eux aussi une paix façon Khaybar. Même les Dirigeants politiques israéliens qui rêvent naïvement d’une paix façon accords d’Oslo commencent, à l’évidence, à se poser des questions sur les intentions de l’Union Européenne.
Je pense depuis longtemps qu’il n’y a strictement rien à attendre de l’Union Européenne et de l’Europe en général, où on aime surtout les Juifs morts, et où on se vautre aux pieds de l’islam en se prosternant de manière servile et indigne.
Je le pense un peu plus encore aujourd’hui. Israël et le peuple israélien ne devraient avoir qu’une seule attitude face à l’Union Européenne et à l’Europe : le mépris. Et encore m’arrive-t-il de trouver que le mépris est une attitude parfois bien trop généreuse.
Je trouvais les allers retours de John Kerry au Proche-Orient, et sa volonté, sur ordre de Barack Obama, de parvenir à un « accord de paix » à tout prix ridicules, au vu du contexte régional et de la situation présente. Je trouve présentement ces allers retours pathétiques, et à la place de John Kerry et Barack Obama, je ne serais pas très content de ce que fait l’Union Européenne. John Kerry et Barack Obama font au moins semblant de vouloir la paix en préservant Israël. L’Union Européenne ne fait pas même semblant : et elle réduit à peu de chose les apparences que tentent de sauver John Kerry et Barack Obama.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info
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Quelques nouvelles d'Israël (JSSNews)
Bordeaux, Londres, New-York: 3 médailles d’or pour les vins israéliens du Golan ! Posted: 11 Jul 2013 11:19 AM PDT Jamais le vin israélien ne s’était aussi bien porté. C’était d’ailleurs une prédiction biblique: le jour ou les enfants d’Israël retourneront sur la terre d’Israël, les vignes produiront de nouveau du vin. Et quel vin ! Juste après avoir gagné la médaille d’or du prix Decanter de Londres, après avoir remporté l’or à New York (Wine Enthusiast), voilà que les vignes du Golan viennent de gagner l’Or au prix Citadelles du Vin à Bordeaux, en France ! La cave a remporté deux médailles d’argent, une pour le Yarden Cabernet Sauvignon 2009, et une pour la Yarden Syrah, Vignoble Avital, 2008 .Et c’est le Yarden Heightswine 2011 qui captivé les papilles et le nez des juges et qui a remporté l’or. La richesse unique de ce vin de dessert englobe des parfums et des épices de fruits exotiques. En dépit d’être un vin doux, le Yarden Heightswine possède une excellente acidité laissant un final rafraîchissant. Il remporte régulièrement des prix, année après année, captivant les experts en vin et les novices. Les Citadelles du Vin sont certainement les récompenses les plus prisées au monde. Des milliers de vins sont soumis aux juges et experts internationaux et des acheteurs viennent du monde entier y découvrir les meilleures saveurs ! C’est donc un honneur extrêmement élevé pour Israël que de recevoir ces récompenses et d’attirer l’attention de la communauté du vin. La directrice du marketing des vignes du Golan, Yael Gai, est très heureuse de la reconnaissance croissante qu’ils reçoivent. «La marque Yarden est devenue synonyme de vin israélien de haute qualité et les experts nous cherchent lors d’événements comme celui-ci » explique Yael Gai. «C’est une chose merveilleuse d’être en mesure de représenter Israël avec une pareille positivité. Nous prenons notre rôle de producteur leader d’Israël très au sérieux, travaillant sans relâche pour améliorer et faire progresser le vin israélien. » Par JSSNews |
L’Alyah bat son plein, avec ou sans la grève au ministère des Affaires étrangères Posted: 11 Jul 2013 11:08 AM PDT C’est un vent de panique qui a saisi certains médias juifs français ces dernières semaines : « Israël nous lâche ! L’Alyah de milliers de personnes serait gravement compromise » ou bien « le syndicat des employés du ministère des Affaires étrangères brise l’Alyah ». Intrigués, nous avons voulu élucider cette question à la source, auprès de responsable de l’Alyah de France en Israël. La réponse catégorique et sans ambiguïté nous a été donnée par Avi Zana, le directeur d’AMI (Alyah et Meilleure Intégration) : « rien n’empêche un Oleh de France de faire son Alyah à tout moment » et d’ajouter : « Tout juste, des démarches administratives de plus à régler une fois en Israël du fait de cette grève ». Avi Zana nous précise : « Nous nous préparons à l’accueil de milliers d’Olim cet été, notamment l’atterrissage d’un avion de ligne de 400 Juifs de France réalisant leur Alyah le 31 juillet prochain et à ma connaissance, personne n’a annulé son départ» Ces dernières semaines, la grève des employés du ministère des Affaires étrangères en Israël a soulevé un véritable vent de panique au sein d’une partie de la presse juive française. « Des milliers de Juifs ayant bouclé leurs valises veulent quitter la France et rejoindre Sion au plus vite. Leur Alyah est dangereusement compromise » ou bien : « Est-ce qu’Israël nous lâche et renonce à nous ? » En effet, les employés du ministère des Affaires étrangères dans les représentations diplomatiques d’Israël à l’étranger sont en grève pour des revendications salariales. Quelle incidence sur l’Alyah ? Les futurs Olim ne peuvent obtenir leurs visas d’Alyah sur leurs passeports par les ambassades et consulats de l’Etat d’Israël à l’étranger. Notre première réaction a été : mais chacun peut se rendre en Israël librement et postuler pour l’Alyah une fois dans le pays. Toutefois, cela ne serait sans être accompagné de tracas administratifs Toutefois, pour en avoir le cœur net, nous avons voulu élucider cette question. Qui mieux que les responsables de l’Alyah en Israël pour nous renseigner ? Nous nous sommes donc adressés à Avi Zana, le directeur d’AMI (Alyah et Meilleure Intégration). Sans laisser place à aucun doute, Avi Zana tranche : « Qui le désire peut faire son Alyah à tout moment ! Cette grève n’empêche personne de venir en Israël et de bénéficier de la Loi du Retour. Elle n’affecte en rien les droits des nouveaux Olim. Tout au plus, quelque démarches administratives supplémentaires une fois en Israël. » Avi Zana nous explique la situation antérieure à la grève et qui reviendra une fois qu’elle sera terminée : « Avant même de se rendre en Israël, tout Juif peut bénéficier de la Loi du Retour et son passeport est tamponné d’un visa d’Oleh hadash. En quelque sorte, il est déjà israélien avant d’atterrir en Israël. C’est un miracle israélien, un de plus ! » Question : Alors comment ça se passe concrètement maintenant si les Olim ne peuvent obtenir ce tampon sur leur passeport ? Est-ce que cela signifie qu’ils ne peuvent pas bénéficier des prestations offertes aux candidats à la Alyah ? Avi Zana: Aucunement ! L’Agence juive s’occupe toujours de leurs dossiers. Que je sache, le ministère de l’Intérieur en Israël n’est pas en grève. Ils peuvent se rendre en Israel et obtenir le tampon sur leur passeport par le ministère de l’Intérieur une fois leur droit à la Loi du Retour établi par l’Agence juive. Et ensuite, ils peuvent s’inscrire aux divers services offerts aux Olim Hadashim : carte d’identité, caisse de maladie, etc. Tout au plus, des démarches réalisées avant l’arrivée en Israël se feront ici et ça leur prendra quelques jours après leur arrivée. Question. Justement si le nouvel Oleh doit entreprendre plus de démarches administratives par lui-même, comment doit-il s’y prendre ? Où intervenez-vous dans ce processus ? Avi Zana : Il est évident que cette grève nous oblige à intervenir beaucoup plus dans l’accompagnement de l’Oleh. Nous avons des bénévoles, des familles d’anciens Olim qui accompagnent les nouveaux Olim dans leurs démarches et les aident. A ce titre, je souhaiterais solliciter vos lecteurs, des âmes généreuses, des volontaires pour se joindre à nos équipes de bénévoles une ou deux heures par semaine et qui effectueront cette tâche sacrée dans tout le pays, accompagner les centaines de familles de nouveaux Olim que nous attendons cet été. Ils peuvent se renseigner et nous contacter par téléphone ou sur notre site internet « pour être bénévole ». Nous avons des bureaux et des partenaires à Jérusalem, à Tel-Aviv, à Haïfa, à Beer-Shev’a, à Nataniya, à Raanana et à Ashdod. Question : Avi Zana, est ce qu’une famille qui a vendu appartement et mobilier et s’apprêtait à faire son Alyah dans les jours qui viennent devrait attendre la fin de la grève ? Et au passage, cette famille devra dépenser ses économies pour trouver une location en France jusqu’à nouvel ordre. Avi Zana : Absolument pas. C’est de l’irresponsabilité d’évoquer un soi-disant piège dans lequel seraient tombés les gens devant réaliser leur Alyah ces jours-ci et qui seraient contraints de la remettre. Ceux qui ont tenu de tels propos ne savent strictement rien de la réalité de l’Alyah et de la vie en Israël. C’est grotesque ! Tous les jours, nous répondons sur notre page Facebook ou par Internet à des gens trouvés par ces articles d’irresponsables. Même si des gens ont financé par eux-mêmes leur billet d’avion pour leur Alyah, une fois ici, ils nous présentent leur facture que nous transmettons à l’Agence juive qui leur remboursera l’intégralité de cette dépense – ceci depuis toujours, pas uniquement depuis cette grève. Avant la création d’AMI, je travaillais à l’Agence juive et régulièrement, nous réglions au cas par cas ces choses. Ce n’est pas nouveau. Question : Que vous inspirent ces rumeurs sur « l’Alyah compromise » ? Avi Zana : A propos ces articles se souciant soit disant de l’Alyah, on a le sentiment que leur objectif est justement de saboter l’Alyah en surfant sur ce prétexte tout trouvé de la grève du ministère des Affaires étrangères et en exploitant d’autres problèmes de la société israélienne qui sont vrais de par ailleurs. « Des hymne de louanges et de souci à l’Alyah sur leurs lèvres, mais le maintien en exil par leurs actes » Méir, vous êtes jusqu’à présent le seul journaliste de la presse francophone à nous contacter pour savoir ce qu’il en est de l’Alyah ces jours-ci, si cette grève a réellement affecté l’arrivée de nouveaux Olim. Personne de la presse juive de France ne m’a contacté pour m’interroger alors que tous savent qui je suis et comment entrer en contact avec moi. Question : Etes-vous au courant de personnes ayant annulé ou repoussé leur Alyah consécutivement à cette grève ? Doit-on s’attendre à une diminution dramatique des chiffres de l’Alyah ? Avi Zana : Non, il n’y pas de phénomène d’annulation d’Alyah plus que les années précédentes. Nous nous préparons intensément à l’Arrivée de milliers d’Olim cette année. Pour le 31 juillet prochain, nous attendons 400 personnes et aucun n’a annulé son Alya, que la grève soit terminée ou qu’elle se poursuive. Evidemment, nous préférerions qu’elle se termine, ce qui simplifiera les démarches pour ces Olim que nous attendons impatiemment. Pour les personnes âgées et malades candidates à l’Alyah, afin de ne pas leur porter atteinte, il y a ce qu’on appelle les commissions dérogatoires dans les représentations diplomatiques d’Israel à l’étranger qui étudient les dossiers et décident de faire exception et d’accorder tous les services comme avant la grève. Avi Zana tient à nous signaler que cet été, il y aura un grand rassemblement, la fête de l’Alyah le 15 aout prochain à Natanya. Tous sont invités, anciens et nouveaux Olim ainsi que les touristes qui ne le sont pas encore. Les équipes d’AMI seront présentes pour répondre à toutes les questions et pour célébrer dans la liesse le Retour à Sion, ce défi que notre génération a le privilège de relever. N’en déplaise à des esprits chagrins de certains médias juifs de France, ce n’est pas une grève pour revendications salariales en Israel, quels que soient les désagréments provoqués, qui stoppera même momentanément l’ascension inexorable du peuple juif à Sion. Par Jerusalem 24 - |
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Pentagone : Téhéran aura bientôt la capacité de frapper les Etats-Unis (Le CRIF)
Un nouveau rapport du département américain de la Défense vient renforcer les évaluations déjà existantes des agences de renseignement américain, selon lesquelles l’Iran pourrait tester le lancement de missiles balistiques intercontinentaux dès 2015.
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« L’Iran importe ces missiles de Corée du Nord »
Selon le rapport, ces missiles, importés de Corée du Nord par Téhéran, pourraient atteindre les Etats-Unis.
Le Pakistan et la Chine importent eux-aussi des armes coréennes.
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Le Liban dans la crainte d'une nouvelle guerre civile (Le CRIF)
Par Hélène Sallon
Après un nouvel attentat à la voiture piégée, mardi 9 juillet 2013 au matin, dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du mouvement chiite Hezbollah, la crainte de voir le Liban plonger à nouveau dans la guerre civile est vive au sein de la population.
« L'entrée, publiquement assumée, du Hezbollah dans le jeu de quille syrien a mis un terme à la normalisation avec les autres forces politiques libanaises »
Depuis le début du soulèvement syrien, le 15 mars 2011, le conflit entre le régime de Bachar Al-Assad et la rébellion a progressivement gagné le Liban, dessinant de nouvelles fractures politiques dans cette société multi-confessionnelle encore marquée par les traumatismes de la guerre civile de 1975-1990 et l'occupation syrienne de 1976 à avril 2005. Encore relativement épargnée par les affrontements entre pro et anti-Bachar, récurrents à Tripoli au Nord et Saïda au Sud, le basculement de Beyrouth dans le conflit, s'il intervenait, marquerait un point de non-retour.
"On est dans une situation proche des années 1973 à 1975, celle d'une parenthèse qui a précédé la conflagration. Les phases de non-crise sont certes l'exception au Liban, mais la tension dépasse le niveau acceptable et avec l'instabilité régionale, les ingrédients sont réunis pour une conflagration dans les semaines ou les mois à venir", analyse le politologue Joseph Bahout. Une guerre civile qui se jouerait sur un axe chiite-sunnite et avec des formes de conflictualité "à l'irakienne" : sans ligne de démarcation, mais avec des affrontements et des attentats localisés, des assassinats politiques. "Une violence diffuse, localisée et individuelle", prédit également le politologue Vincent Geisser.
Une crise existentielle entre deux camps
La crise syrienne a eu des effets d'irradiation dans toute la région. Au Liban, elle a réactivé des lignes de faille anciennes qui ont pris, comme à Saïda et à Tripoli, un tour conflictuel. "La vision naïve de la politique de distanciation libanaise", comme la qualifie Joseph Bahout, a fait long feu, aidée en cela par la déstructuration de l'Etat libanais, privé depuis des mois de gouvernement et de Parlement. La guerre en Syrie est devenue, de par l'ingérence des acteurs politiques libanais, une guerre libanaise qui oppose deux camps : celui du chiisme politique pro-Assad, représenté par le Hezbollah, et celui du sunnisme politique pro-rébellion, représenté par le Courant du futur de Saad Hariri et les salafistes menés par le cheikh Ahmad Al-Assir.
La neutralité libanaise a cédé le pas à la radicalisation des discours et à la recommunautarisation de la société. "Il y a une crispation du discours des hommes politiques, chacun accusant l'adversaire d'importer la crise syrienne sur le territoire libanais", analyse Vincent Geisser, qui y voit une certaine instrumentalisation par les acteurs politiques destinée à affirmer leur contrôle sur leur communauté. "La crise syrienne est perçue par les deux camps comme une crise existentielle : de la perte ou de la survie du régime syrien dépendra la survie de l'un ou l'autre camp", analyse ainsi Joseph Bahout. Entre ces deux pôles sunnite et chiite, les chrétiens sont divisés politiquement et au bord de l'implosion.
Nous avons tout ce qu'il faut au Liban, nous n'avons pas besoin de transporter (les armes) de Syrie ou d'Iran", a mis en garde Hassan Nasrallah.
Les partis pris rhétoriques ont rapidement évolué vers une implication plus grande des deux camps dans le trafic d'armes et l'envoi de combattants. La bataille de Qoussair, en Syrie, en mai, a marqué un tournant. "A Qoussair, ça a été Libanais contre Libanais. Le Hezbollah a ouvertement prêté main-forte au régime syrien, tandis que le cheikh salafiste Al-Assir, soutenu par l'Arabie saoudite, s'y est rendu pour encourager les jeunes à venir se battre aux côtés des rebelles", pointe le géographe Fabrice Balanche.
L'entrée, publiquement assumée, du Hezbollah dans le jeu de quille syrien a mis un terme à la normalisation qu'il avait engagée avec les autres forces politiques libanaises dès 2005. Au point d'être décrébilisé auprès d'une majorité de Libanais et de cristalliser le ras-le-bol général. "Le Hezbollah n'est plus intouchable comme il l'était après 2006, fort de son statut de résistance armée contre Israël. Aujourd'hui, certains n'hésitent plus à le présenter comme une force d'agression", note Joseph Bahout.
L'intervention de l'armée libanaise en faveur du Hezbollah contre le mouvement salafiste du cheikh Al-Assir à Saïda en juin a aussi entaché l'aura de l'institution militaire. Respectée pour sa neutralité et vue comme garante de l'unité nationale depuis 2005, l'armée est désormais contestée voire vilipendée par les sunnites comme vendue à Damas. "L'armée libanaise retrouve ses vieux démons. Elle glisse de plus en plus vers une sorte de captation par le Hezbollah", explique le politologue Joseph Bahout.
Le salafiste Chadi Al-Moulawi (au centre, en rouge) harangue des militants sunnites opposés au régime syrien, mardi à Tripoli, au nord du Liban, en mai 2012.
Disloquée pendant la guerre du Liban en brigades communautaires, l'armée avait été restructurée par les Syriens. Elle restait toutefois traversée par des courants contraires avec, d'une part, une pénétration assez forte du Hezbollah, qui noyaute ses services de renseignement et, d'autre part, une gendarmerie et des forces de sécurité intérieure – que dirigeait le général Wissam Al-Hassan tué dans un attentat à Beyrouth en décembre 2012 – davantage acquises au Front du 14-Mars de l'ancien premier ministre sunnite, Rafic Hariri.
Une porte de sortie ?
Dans cet équilibre précaire, chaque soubresaut est scruté avec attention. Le Liban va-t-il sombrer dans la guerre ? "On est devant une ligne rouge, mais le conflit est évitable. Cela dépendra de la volonté et de l'intérêt des puissances régionales et internationales à ce que le Liban n'explose pas", estime Joseph Bahout. Le parapluie régional qui assurait la stabilité du Liban est anéanti, la Syrie étant devenue un champ de confrontation entre d'un côté les pays du Golfe et de l'autre l'Iran, qui jouent leur va-tout, et les Occidentaux qui oscillent entre neutralité et implication.
L'avantage militaire et stratégique du Hezbollah au Liban freine encore les velléités des uns et des autres. "C'est une véritable armée conventionnelle et confessionnelle, qui dispose de 5000 à 7 000 combattants et d'une réserve de jeunes chiites formés dans ses camps, ainsi que d'un arsenal important. C'est un élément de neutralisation des forces en présence, même s'il n'est pas une garantie de paix et de stabilité", souligne Vincent Geisser.
Le Hezbollah pourrait toutefois ne plus se reposer sur sa seule force de dissuasion et décider de répliquer aux provocations exercées contre lui, à l'instar de l'attentat de mardi. "On n'est pas à l'abri d'une mauvaise sortie du Hezbollah, notamment si le conflit syrien se poursuit et que de nouveaux facteurs d'embrasement interviennent, comme de nouveaux raids israéliens sur la Syrie", estime Fabrice Balanche.
Une escalade qui pourrait s'avérer dangereuse pour le mouvement chiite. "Au Liban, personne ne peut gagner militairement. Le Hezbollah peut écraser toutes les autres forces libanaises, mais il ne pourra jamais occuper les régions sunnites et chrétiennes et transformer cela en stabilité politique", estime Joseph Bahout. D'autant plus que l'afflux d'armes et d'argent pourrait rapidement changer l'équilibre des forces en présence. "Les gens commencent à s'armer, car ils sont inquiets. Dans les zones frontalières, les populations constituent des comités de défense. Les milices se reconstituent dans les autres communautés", à l'instar des milices salafistes et de celles proches du Courant du futur, indique Fabrice Balanche.
Ces milices pourraient d'ailleurs trouver un véritable vivier parmi les réfugiés syriens au Liban. Cette population, qui s'élève désormais à 800 000 à 900 000 personnes, l'équivalent d'un tiers de la population libanaise, est une véritable "bombe à retardement", estime Joseph Bahout. Economiquement aux abois et très présents dans les zones de frictions entre pro et anti-Assad, les jeunes réfugiés syriens pourraient constituer les candidats idéals du recrutement des milices.
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Pot pourri politique (Albert Soued)
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